top of page

Il y a des artistes du tourment et de l’angoisse qui ne trouvent leur inspiration que dans le désespoir ; là, au contraire, l’œuvre respire l’épanouissement d’un bonheur certain. La femme est vue comme un rêve éveillé.

L’œuvre naît pour s’échapper. Figure de matière, trace de vie, trace d’amour. Le nu n’est pas seulement un corps exhibé, mais plié, en lui donnant de la souplesse, une souplesse de vie. Tel qu’il est représenté, le corps bouge encore parce que le jeu des courbes et de la sinuosité apparait dans toute sa fluidité.

 

Figure de vie et de beauté, fixée pour l’éternité des regards en un mouvement sublimé par le rêve de son pygmalion, la femme chez Arnal atteint cette force et cette simplicité qui mènent à l’essentiel de la forme.

 

La conception en est si diverse que le sujet n’est jamais lassant, car il exploite les opposés en de frappants contrastes et joue avec la fluidité sinueuse d’une courbe ou la pesanteur des masses, utilisant le mouvement ou l’immobilisme, pour exalter les vibrations infinies de l’harmonie.

 

D’un réalisme presque académique, ou au contraire stylisées comme quelque idole celte, ses femmes s’offrent nues aux caresses de l’œil sans jamais d’indécence. Charnelles, sensuelles, impudiques et pourtant chastes.

Femmes-phares aux paupières closes mais éclairées d’une lumière intérieure qui transcende la simple exhibition de la chaire.

Longilignes, elles se dressent à l’extrême limite de l’envol, paraissant désireuses de rejoindre leurs frères oiseaux dont elles ont la grâce légère. Ou à l’ opposé, repliées sur elles-mêmes, massives et trapues comme ces déesses antiques gardiennes des sources et des forêts, elles irradient par la densité de leur simple présence Parfois aussi, avec une souplesse élastique elles marchent vers nous, tendues et triomphantes, près de l’homme déjà soumis à leur pouvoir magique.

 

Ainsi, dans son ensemble, l’œuvre modèle patiemment l’image d’une séduisante pureté dont l’idéalisation parait amplifiée par l’émanation d’une parfaite quiétude.

 

 

Sophie Laboucarié

Texte rédigé pour la plaquette : «L’Art sous toutes ses formes»

Peintres et sculpteurs du Languedoc Roussillon - Les Vendémiaires - 1997

bottom of page